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Lac Nasser: Quels Trésors Engloutis De Nubie Découvrir Ici?

#1. Comment le lac Nasser a-t-il vu le jour ?

 

En 1960, débutait la construction de l'un des projets d'ingénierie les plus ambitieux du XXe siècle. Sous l'impulsion du président égyptien Gamal Abdel Nasser, le haut barrage d'Assouan allait non seulement transformer le paysage de la Haute-Égypte mais aussi créer l'une des plus grandes étendues d'eau artificielles au monde.

 

Un projet né du haut barrage d'Assouan

 

Le projet du haut barrage d'Assouan a pris forme après la révolution égyptienne de 1952. C'est le président Gamal Abdel Nasser qui en a fait une priorité nationale, dans le but d'accélérer l'industrialisation du pays. La construction, démarrée en 1960, s'est achevée dix ans plus tard, le 21 juillet 1970. Ce projet titanesque a mobilisé au moins 25 000 ingénieurs et ouvriers égyptiens et a bénéficié du soutien technique et financier de l'Union soviétique.

 

Cette impressionnante structure mesure 111 mètres de hauteur, s'étend sur 3 830 mètres de longueur et dispose d'une largeur de 980 mètres. Le barrage est venu remplacer l'ancien barrage d'Assouan, construit par les Britanniques en 1902, qui s'était avéré insuffisant pour maîtriser les crues du Nil.

 

Les objectifs politiques et agricoles

 

La création du lac Nasser répondait à plusieurs objectifs stratégiques. Tout d'abord, le président Nasser souhaitait "ramener la source du Nil dans les frontières internationales de l'Égypte", une ambition politique claire dans un contexte de construction nationale post-coloniale.

 

Sur le plan pratique, le barrage visait principalement à réguler le débit du Nil. Pour la première fois dans l'histoire, les crues annuelles du fleuve se trouvaient sous contrôle humain. Cette maîtrise de l'eau permettait plusieurs avancées majeures :

 

  • La protection contre les inondations pour les régions situées en aval d'Assouan
  • L'irrigation permanente des terres agricoles tout au long de l'année
  • La production d'électricité grâce à une centrale hydroélectrique équipée de 12 turbines capables de générer 10 milliards de kilowatts-heure annuellement
  • Le développement d'une industrie de pêche dans le réservoir

 

Par ailleurs, le projet s'inscrivait dans un plan plus vaste de développement régional. En 2002, le PNUD a aidé le ministère égyptien de la Planification à élaborer un schéma directeur visant à bâtir une économie intégrée autour du lac, combinant agriculture, élevage, industrie et tourisme.

 

Une frontière entre Égypte et Soudan

 

Le lac créé par le haut barrage s'étend sur environ 500 kilomètres de longueur, traversant à la fois l'Égypte et le Soudan. Sa surface totale couvre 5 250 km² avec une profondeur moyenne de 25 mètres. Sa forme allongée et étroite, avec une largeur variant de 9 à 18 kilomètres, suit l'ancien lit du fleuve et s'entoure de plus de 100 criques majeures (khors).

 

L'un des aspects géopolitiques les plus intéressants concerne le partage de cette ressource hydrique entre les deux pays. En effet, 83% du lac se trouve en territoire égyptien, tandis que les 17% restants appartiennent au Soudan. Cette répartition s'est accompagnée d'un accord conclu en 1959, attribuant au Soudan 18,5 milliards de mètres cubes d'eau du Nil, une augmentation significative par rapport aux 4 milliards alloués selon l'accord précédent de 1929.

 

Fait notable, chaque pays désigne sa portion du lac différemment : les Égyptiens l'appellent "lac Nasser" en hommage au président qui a initié le projet, tandis que les Soudanais préfèrent le nom de "lac Nubia", en référence aux populations nubiennes de la région.

 

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#2. Quels trésors archéologiques ont été engloutis ?

 

La mise en eau du lac Nasser menaçait de nombreux trésors archéologiques irremplaçables. Cette région, connue sous le nom de Nubie, s'étendait du sud de l'Égypte jusqu'à la quatrième cataracte du Nil au Soudan, abritant des siècles d'histoire et d'art pharaonique.

 

Les temples de Nubie menacés

 

La construction du haut barrage d'Assouan risquait de submerger complètement 22 monuments historiques critiques. Parmi ces joyaux figuraient les temples d'Abou Simbel, de Philae, de Kalabsha et d'Amada. Ces édifices représentaient non seulement l'héritage de l'Égypte ancienne, mais également celui de toute l'humanité. La plupart dataient de plus de 3 000 ans, comme les temples d'Abou Simbel, sculptés dans la roche au XIIIe siècle avant notre ère.

 

Le rôle de l'UNESCO dans le sauvetage

 

Face à cette menace, l'UNESCO lança en 1960 la "Campagne internationale de sauvegarde des monuments de Nubie". Cette initiative sans précédent mobilisa 50 pays donateurs pour financer ce projet colossal. Au total, 40 missions archéologiques venues du monde entier travaillèrent pendant 20 ans pour sauver ces trésors. Le coût total s'éleva à environ 76,34 millions de dollars américains, une somme considérable pour l'époque.

 

Abou Simbel : un chantier titanesque

 

Le sauvetage d'Abou Simbel, commencé en 1964, constitua l'un des plus grands défis d'ingénierie archéologique de l'histoire. Les deux temples furent découpés en 1 042 blocs pesant chacun entre 20 et 30 tonnes, puis transportés et réassemblés 65 mètres plus haut et 200 mètres plus loin du fleuve. Des ingénieurs recalculèrent précisément les mesures nécessaires pour préserver l'alignement solaire originel qui, deux fois par an, permet au soleil d'illuminer le visage de Ramsès II. L'inauguration du site dans sa nouvelle localisation eut lieu le 22 septembre 1968.

 

Autres temples déplacés : Amada, Dakka, Wadi es-Seboua

 

En parallèle, d'autres monuments furent également déplacés. Le temple d'Amada, considéré comme "l'un des exemples les plus distinctifs et les mieux préservés de l'art de la 18e dynastie", fut sauvé grâce à la France. Les temples de Dakka, construit au IIIe siècle av. J.-C., et de Wadi es-Seboua, érigé sous Ramsès II, furent démontés en 1964 et reconstruits à seulement 4 kilomètres de leur emplacement original.

 

Aujourd'hui, ces monuments sont répartis en trois groupes : deux complexes déplacés vers des sites presque identiques, onze temples reconstruits dans trois oasis surplombant le lac Nasser, et sept temples placés dans deux musées différents. Cinq autres temples furent offerts à des musées occidentaux en remerciement pour leur assistance technique et financière.

 

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#3. Quel a été l’impact humain de la création du lac ?

 

La création du lac Nasser a entraîné des transformations majeures pour les populations locales. Ce projet d'envergure a nécessité une réorganisation complète des habitats humains dans la région, donnant naissance à de nouvelles communautés et à un renouveau culturel important.

 

Le déplacement de 100 000 Nubiens

 

La mise en eau du lac Nasser a conduit à la relocalisation d'environ 100 000 Nubiens, dont 50 000 en Égypte et 50 000 au Soudan. Ces populations ont été relogées dans de nouvelles zones spécialement aménagées. Du côté égyptien, les Nubiens ont été principalement installés dans la région de Kom Ombo, à 45 km au nord d'Assouan. Au Soudan, la plupart des habitants ont été relogés dans la zone de Khashm el-Girba, à l'est du pays.

 

Les autorités égyptiennes ont créé 33 villages de remplacement pour accueillir les familles déplacées. Ces nouveaux établissements ont été équipés d'infrastructures modernes comprenant des écoles, des cliniques et des systèmes d'irrigation. Grâce à ces aménagements, les Nubiens ont pu accéder à des services qu'ils ne possédaient pas auparavant dans leurs villages d'origine.

 

La disparition de Wadi Halfa

 

Parmi les localités submergées, la ville de Wadi Halfa représentait un centre culturel et commercial important. Cette cité historique, située au nord du Soudan, était un carrefour commercial stratégique depuis l'époque pharaonique. Avant l'inondation, les habitants ont participé à la préservation de leur patrimoine en documentant leur environnement.

 

Une nouvelle Wadi Halfa a été construite à environ 60 km de l'emplacement d'origine. Cette ville moderne offre désormais des opportunités économiques différentes, notamment liées à la pêche dans le lac Nasser. Par ailleurs, la "Nouvelle Halfa" est devenue un symbole de résilience et d'adaptation pour la communauté nubienne.

 

Les conséquences culturelles et sociales

 

La relocalisation a engendré un renouveau culturel remarquable parmi les populations nubiennes. De nombreuses traditions ont été préservées et revitalisées dans les nouveaux établissements. Les arts nubiens, notamment la musique et l'architecture distinctive, ont connu un regain d'intérêt et sont aujourd'hui célébrés comme éléments importants du patrimoine égyptien et soudanais.

 

En Égypte, des centres culturels nubiens ont été créés pour maintenir vivantes les traditions ancestrales. Ces espaces permettent la transmission des connaissances aux jeunes générations et favorisent le tourisme culturel. En outre, les communautés nubiennes ont développé de nouvelles activités économiques autour du lac Nasser, particulièrement dans les domaines de la pêche et de l'artisanat.

 

La diaspora nubienne a également joué un rôle essentiel dans la préservation de la culture, en créant des associations culturelles dans plusieurs villes d'Égypte et du Soudan. Ainsi, malgré les changements importants dans leur mode de vie traditionnel, les Nubiens ont su adapter leur identité culturelle aux nouvelles réalités tout en préservant leur riche héritage.

 

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#4. Comment le lac Nasser a-t-il transformé l’environnement ?

 

L'apparition du lac Nasser a radicalement transformé l'environnement local, créant un véritable miracle écologique dans une région autrefois dominée par le désert aride de Nubie. Cette métamorphose constitue l'un des aspects les plus fascinants de ce projet hydraulique monumental.

 

Un nouvel écosystème en plein désert

 

La création du lac a fait naître un biotope aquatique remarquable, couvrant une superficie de 5 250 km² au cœur du désert. Cette vaste étendue d'eau douce forme désormais un écosystème complet qui a rapidement attiré une biodiversité impressionnante. Les conditions hydrologiques particulières - notamment une température moyenne de l'eau de 22°C - ont favorisé le développement d'une chaîne alimentaire complète, allant du plancton jusqu'aux grands prédateurs.

 

Au fil des années, les rives du lac se sont progressivement végétalisées, offrant un habitat précieux pour de nombreuses espèces. Ainsi, plus de 100 espèces de plantes ont colonisé cette zone, transformant le paysage désertique en une oasis de verdure par endroits.

 

La faune aquatique : perche du Nil, tilapia

 

Le lac Nasser est rapidement devenu un sanctuaire pour de nombreuses espèces aquatiques. Parmi elles, la perche du Nil et le tilapia dominent particulièrement. Aujourd'hui, le lac abrite plus de 32 espèces de poissons, dont certaines endémiques. Cette richesse ichtyologique permet une production annuelle estimée à environ 25 000 tonnes de poissons, faisant du lac un centre important pour la pêche commerciale et sportive.

 

En outre, cette abondance de ressources halieutiques a donné naissance à une industrie florissante autour du lac. Vous pouvez notamment observer les pêcheurs locaux utiliser des techniques traditionnelles adaptées à ce nouvel environnement.

 

Les crocodiles du Nil et les oiseaux migrateurs

 

Les crocodiles du Nil, autrefois menacés dans certaines régions, trouvent dans le lac Nasser un habitat idéal. Cette espèce emblématique prospère particulièrement dans les criques isolées qui offrent des zones de reproduction tranquilles. Par ailleurs, les ornithologues ont répertorié plus de 100 espèces d'oiseaux fréquentant le lac et ses environs.

 

Le lac est également devenu une étape cruciale pour de nombreux oiseaux migrateurs qui traversent l'Afrique. Des espèces comme les flamants roses, les pélicans et diverses variétés de canards sauvages y font halte régulièrement. Cette présence aviaire contribue à la dispersion des graines et au maintien de la biodiversité dans toute la région.

#5. Pourquoi le lac Nasser est-il devenu une destination touristique ?

 

Avec ses paysages spectaculaires et ses trésors historiques, le lac Nasser attire aujourd'hui des voyageurs du monde entier à la recherche d'expériences uniques alliant culture, nature et aventure.

 

Les croisières entre Assouan et Abou Simbel

 

Les croisières sur le lac Nasser offrent une fusion exceptionnelle de paysages époustouflants, d'histoire fascinante et d'immersion culturelle. Naviguant d'Assouan jusqu'aux temples d'Abou Simbel, ces voyages permettent de découvrir des sites historiques remarquables comme le temple de Kalabsha, Beit El Wali, Wadi El Sebou, ainsi que les temples de Dakka, Amada et Qasr Ibrim. À bord de bateaux luxueux, vous profitez d'un hébergement confortable, de repas délicieux et de divertissements variés. Les couchers de soleil aux teintes dorées et cramoisies créent une ambiance magique inoubliable.

 

Les paysages désertiques et lunaires

 

Le lac Nasser vous transporte dans un univers où falaises désertiques et îles verdoyantes se côtoient harmonieusement. Cette région isolée offre également l'opportunité d'observer un ciel nocturne extraordinaire, loin de toute pollution lumineuse. Lors d'escales, vous pouvez explorer les rivages du lac où, par endroits, l'eau a dévoilé des fossiles végétaux et animaux d'époques lointaines. Certaines croisières proposent même des promenades à dos de chameau pour apprécier différemment la beauté naturelle de la région.

 

La pêche sportive et les safaris nautiques

 

Le lac Nasser est considéré comme l'un des meilleurs endroits au monde pour la pêche en eau douce. Renommé pour ses perches du Nil géantes—pesant souvent entre 23 et 90 kilos—et ses puissants poissons-tigres, ce paradis halieutique attire des pêcheurs du monde entier. Par ailleurs, les petits bateaux de safari vous permettent d'explorer les criques inaccessibles aux grands navires, offrant ainsi des rencontres privilégiées avec la faune locale. Vous aurez notamment l'occasion d'observer le crocodile du Nil, désormais rare en contrebas du barrage.

#6. Que reste-t-il à découvrir autour du lac Nasser ?

 

Récemment, des découvertes fascinantes continuent d'émerger des profondeurs du lac Nasser, révélant que ce vaste réservoir cache encore de nombreux secrets. Une mission archéologique égypto-française a mis au jour des inscriptions sur pierre et d'autres artefacts lors d'un relevé photographique autour des îles de Philae et Konosso. Ces découvertes comprennent des gravures et des peintures représentant plusieurs pharaons, notamment Amenhotep III, Thoutmôsis IV, Psamtik III et Apriès.

 

Par ailleurs, de nombreux sites historiques demeurent immergés sous les eaux du lac. Parmi ceux-ci figurent d'anciens villages nubiens et la forteresse de Buhen. Des études par sonar ont révélé des habitations submergées, des gravures rupestres et des œuvres pharaoniques liées à des souverains comme Amenhotep III près de zones englouties telles que Philae.

 

En outre, le temple de Maharraqua, un petit temple inachevé, présente une caractéristique architecturale unique avec son escalier en colimaçon menant au toit - le seul exemple de ce type dans tous les temples nubiens.

Le lac lui-même continue d'évoluer et fait l'objet d'études scientifiques importantes. Les chercheurs analysent notamment son impact sur le climat local et régional. En tant qu'écosystème, le lac Nasser abrite 52 espèces de poissons et constitue une zone importante pour les oiseaux afro-tropicaux, offrant ainsi aux chercheurs un laboratoire naturel exceptionnel.