Les Colosses de Memnon : Secret des Statues Chantantes
Les Colosses de Memnon, deux sculptures monumentales pesant chacune plus de 1 300 tonnes, se dressent majestueusement sur la rive occidentale de Thèbes depuis environ 3 400 ans. Ces statues colossales, mesurant initialement 21 mètres de hauteur avec leurs couronnes, représentent le pharaon Aménophis III et constituent les derniers vestiges d'un temple funéraire qui s'étendait sur plus de 600 mètres.
Ces deux statues monumentales, de 21 mètre de hauteur, sont les premiers édifices que les visiteurs découvrent après avoir traversé le Nil en direction de la rive Est. Ils furent rendus célèbres dans l'antiquité par un son mystérieux qu'un des deux colosse éméttait à chaque lever de soleil. Les scientifiques pensent maintenant que ce son était dû à l'air qui passait à travers les pores de la pierre lorsqu'il était réchauffé à la lumière du soleil, mais il n'y a aucun moyen de confirmer cela, alors que le son n'est plus audible depuis des siècles. Peu importe la cause, le son était à l'origine du nom des statues faisant penser aux Grecs que les Statues étaient celles de l'immortel Memnon.
Un phénomène extraordinaire a marqué leur histoire : après un tremblement de terre en 27 av. J.-C., l'une des statues émettait un son mystérieux au lever du soleil, attirant de nombreux pèlerins grecs et romains. Ce "chant" énigmatique, décrit par l'historien Strabon comme un petit coup sec, était interprété comme la voix de Memnon, un héros légendaire de la guerre de Troie.
#1. L'origine des colosses de Memnon : gardiens d'un temple disparu
#2. Le mystère du chant de Memnon : un phénomène acoustique unique
#3. De l'Égypte à la Grèce : naissance d'une légende
#4. Redécouverte et conservation des colosses
#5. FAQs
Ces gardiens de pierre, sculptés dans un quartzite rouge d'une densité exceptionnelle, portent aujourd'hui les traces de leur histoire millénaire, notamment à travers 107 inscriptions anciennes en grec et en latin. Leur histoire fascinante mêle prouesses architecturales, phénomènes inexpliqués et légendes antiques qui continuent de captiver les visiteurs du monde entier.
Ne manquez pas les célèbres Colosses de Memnon lors de votre visite à Louxor et Assouan pour une expérience inoubliable !

#1. L'origine des colosses de Memnon : gardiens d'un temple disparu
Avant d'être connus sous le nom de colosses de Memnon, ces géants de pierre étaient simplement des sentinelles protégeant l'entrée du temple funéraire d'Amenhotep III. Leur histoire remonte à l'apogée du Nouvel Empire égyptien, une période de splendeur artistique et architecturale sans précédent.
Qui était Amenhotep III, le pharaon immortalisé
Souverain de la XVIIIe dynastie (1386-1353 av. J.-C.), Amenhotep III régna pendant une période de prospérité et de richesse internationale sans précédent. Dès son accession au trône, il lança d'ambitieux projets de construction à travers toute l'Égypte. Son palais de villégiature à Malkata, près de Thèbes, s'étendait sur plus de 30 000 mètres carrés et comprenait des appartements luxueux, des salles d'audience, un temple à Amon et bien d'autres merveilles.
Ce pharaon fut entouré de grands talents, notamment Amenhotep, fils de Hapou, concepteur et réalisateur de nombreux projets architecturaux. Sous son règne, l'art égyptien atteignit son apogée, comme en témoigne la finesse des sculptures qui nous sont parvenues.
Le temple des millions d'années : un chef-d'œuvre englouti
Le complexe mortuaire d'Amenhotep III était, à son époque, plus impressionnant que le temple de Karnak lui-même. Surnommé parfois l'Aménophium, ce "temple des millions d'années" s'étendait sur un rectangle de 600 mètres sur 100, ceint d'une gigantesque enceinte de briques crues.
Le temple était structuré autour de trois pylônes, chacun précédé de statues colossales dont la hauteur diminuait progressivement pour créer un effet de perspective. Derrière les colosses de Memnon, qui se dressaient devant le premier pylône, s'étendaient une cour à colonnade, des salles hypostyles et un sanctuaire.
Pharaon le décrivait lui-même comme "un temple splendide fait pour lui sur la rive ouest de Thèbes, une forteresse d'éternité pour toujours, en belle pierre blanche de grès, entièrement revêtu d'or, son pavement orné d'argent, toutes ses portes en électrum".
Cependant, son emplacement, trop proche du lit majeur du Nil, causa sa perte. Moins de deux cents ans après sa construction, le temple était déjà en ruines. Un séisme durant le règne de Ramsès II puis celui de l'an 27 avant notre ère achevèrent sa destruction.
Techniques de construction et transport des monolithes
Les colosses furent taillés dans du quartzite provenant des carrières de Gebel el-Ahmar près du Caire, à 675 kilomètres de Louxor. Chaque sculpture fut extraite d'un bloc monolithique, le colosse sud à l'horizontale et le nord à la verticale, comme le révèle l'orientation des couches de pierre.
Pour transporter ces masses colossales de 1300 tonnes, les Égyptiens utilisaient probablement des embarcations spécialement conçues pour les charges lourdes. Une fois débarqués, les blocs étaient placés sur des traîneaux de halage en bois que des hommes ou des bœufs tiraient sur des routes recouvertes de limon du Nil humidifié pour réduire le frottement.
L'érection de ces monolithes représentait un défi technique considérable. Les indices archéologiques suggèrent l'utilisation de rampes et de systèmes ingénieux pour élever progressivement ces masses. Pour les obélisques et statues colossales, les Égyptiens construisaient des murs de briques autour du socle, remplissaient l'espace de sable, puis le vidaient graduellement pour abaisser délicatement le monolithe.
Explorez notre guide complet sur Louxor pour découvrir son histoire fascinante et ses merveilles antiques.

#2. Le mystère du chant de Memnon : un phénomène acoustique unique
Ce n'est pas tant leur taille impressionnante que leur mystérieux « chant » qui a rendu les colosses de Memnon célèbres à travers l'Antiquité. Ce phénomène acoustique unique a transformé ces statues en l'une des premières attractions touristiques de l'histoire.
Le tremblement de terre de 27 av. J.-C. et ses conséquences
En l'an 27 avant notre ère, un violent séisme secoua la région thébaine. Le colosse nord (celui de droite lorsqu'on regarde les statues de face) fut gravement endommagé.
La partie supérieure de la statue se fissura de l'épaule jusqu'au bassin, puis s'effondra partiellement. Strabon, qui visita le site un an après cette catastrophe, fut le premier à documenter les dégâts : « toute la portion supérieure à partir du siège a été renversée, à la suite, paraît-il, d'un violent tremblement de terre ». Par une étrange ironie du sort, cette destruction partielle donna naissance au phénomène qui rendit le colosse célèbre.
Témoignages historiques du phénomène sonore
Après ce tremblement de terre, la statue nord commença à émettre un son mystérieux chaque matin au lever du soleil. Les descriptions de ce « chant » varient selon les observateurs.
Strabon évoque « un bruit analogue à celui que produirait un petit coup sec ». Pausanias le compare au « son d'une corde de cithare ou de lyre qui se rompt », tandis que Tacite parle du « son d'une voix humaine ». Sur les 107 inscriptions gravées sur le colosse, 61 sont en grec et 45 en latin, témoignant de la popularité du site.
Parfois, la statue se faisait prier pour chanter, comme le raconte la poétesse Julia Balbilla qui visita le site le 30 novembre 130 après J.-C.
Explications scientifiques du « chant » de la statue
La cause exacte de ce phénomène acoustique a longtemps intrigué. Les scientifiques modernes l'attribuent à des causes naturelles. Le quartzite du Gébel-Ahmar dont est fait le colosse possède des propriétés particulières.
Lors des brusques changements de température au lever du soleil, la pierre se dilatait, tandis que l'humidité de la nuit s'évaporait dans les fissures. Cette combinaison produisait ces vibrations sonores caractéristiques.
Ce phénomène cessa définitivement après la restauration ordonnée par l'empereur Septime Sévère en 199 après J.-C. En voulant honorer la divinité qui se manifestait chaque matin, il fit réparer la statue avec treize blocs maçonnés qui, malheureusement, étouffèrent le phénomène vibratoire.

#3. De l'Égypte à la Grèce : naissance d'une légende
Bien après leur création, les colosses d'Amenhotep III connurent une seconde vie dans l'imaginaire collectif. L'association entre ces statues égyptiennes et la mythologie grecque constitue un fascinant exemple d'appropriation culturelle dans l'Antiquité.
Pourquoi ces statues portent le nom de Memnon
L'appellation « colosses de Memnon » trouve ses origines dans une confusion culturelle. Pausanias l'explique clairement : « On lui donne généralement le nom de Memnon, qui étant, dit-on, parti de l'Éthiopie avec une armée, traversa l'Égypte et s'avança jusqu'à Suse
Mais les Thébains ne veulent pas que cette statue soit Memnon, et ils y voient Phaménophis (Amenhotep III), Égyptien ». Selon certains chercheurs, cette assimilation s'expliquerait par une similitude phonétique entre le nom égyptien des monuments, menou, et celui du héros hellénique. En outre, le quartier ouest de Thèbes s'appelait Memnonia en grec, renforçant cette association.
L'oracle de l'Aurore et son fils
Dans la mythologie grecque, Memnon était fils de Tithonos et d'Eôs (l'Aurore). Ce héros à la peau sombre participa à la guerre de Troie où il fut tué par Achille. Le phénomène sonore du colosse fut interprété comme le cri de Memnon saluant sa mère divine chaque matin.
Philostrate d'Athènes décrit cette croyance : « Lorsque le premier rayon éclaira la statue, Memnon parla, ses yeux devinrent brillants comme ceux d'un homme exposé au soleil ». Ainsi, la légende raconta que le corps de Memnon ressuscitait quotidiennement à l'apparition de sa mère l'Aurore.
Les inscriptions grecques et latines : témoignages des pèlerins
Le colosse devint rapidement un lieu de pèlerinage pour les Grecs et les Romains. Entre le Ier et le IIIe siècle, 107 inscriptions furent gravées sur les jambes des statues – 61 en grec et 45 en latin.
Ces graffitis mentionnaient généralement « audi Memnonem » (« j'ai entendu Memnon »), accompagnés du nom et de la date du passage. Des personnalités importantes comme l'empereur Hadrien et son épouse Sabine visitèrent le site en 130 après J.-C., événement commémoré par quatre épigrammes de la poétesse Julia Balbilla.
Parmi les nombreux témoignages, celui du poète Asklepiodotos est particulièrement évocateur : « Apprends, ô Thétis, toi qui résides dans la mer, que Memnon respire encore et que, réchauffé par le flambeau maternel, il élève une voix sonore [...] tandis que ton Achille reste à présent muet ».

#4. Redécouverte et conservation des colosses
Longtemps isolés dans le paysage thébain, les colosses de Memnon font désormais l'objet d'un ambitieux projet de conservation qui révèle progressivement les vestiges du temple funéraire dont ils gardaient l'entrée.
Les fouilles archéologiques modernes
Depuis 1998, le site du temple est minutieusement exploré par la « Mission des colosses de Memnon et du temple d'Aménophis III », dirigée par l'égyptologue Hourig Sourouzian, sous l'égide du Ministère des Antiquités égyptien et de l'Institut archéologique allemand.
Jusqu'en 2002, seuls les célèbres colosses étaient visibles, le reste du temple demeurant enfoui sous des terres agricoles cultivées. Depuis lors, des fouilles systématiques ont permis de mieux comprendre l'architecture et le plan de ce sanctuaire dédié à Amon et à la gloire d'Amenhotep III.
Techniques de restauration et défis de préservation
La préservation des vestiges constitue un défi constant face aux multiples menaces : intempéries, inondations, humidité et sel, végétation envahissante et vandalisme. Le projet emploie des techniques modernes comme la photogrammétrie pour documenter précisément l'état des colosses.
Par ailleurs, la mission forme des centaines d'ouvriers locaux aux différentes techniques de restauration, contribuant ainsi au développement économique de la région tout en créant un vivier de compétences en conservation patrimoniale.
Découvertes récentes autour du temple d'Amenhotep III
Les fouilles ont permis des découvertes spectaculaires qui enrichissent notre connaissance du temple d'Amenhotep III :
- Deux nouveaux colosses en quartzite ont été exhumés et redressés au niveau du second pylône, faisant apparaître une représentation en bon état de la reine Tiyi.
- Une collection impressionnante de 287 statues de la déesse Sekhmet a été mise au jour depuis 1998.
- D'autres découvertes remarquables comprennent une statue colossale représentant le dieu Thot sous forme de babouin, deux énormes sphinx en calcaire mesurant près de huit mètres chacun, et une tête monumentale d'Amenhotep III en granit rouge de 2,5 mètres de hauteur.
Ces travaux ont considérablement transformé le site : désormais, les visiteurs peuvent observer non seulement les célèbres colosses de Memnon, mais également les bases des colonnades originelles, ainsi que de nombreux fragments de statues qui jalonnaient autrefois le péristyle du temple.
Les Colosses de Memnon témoignent ainsi d'une histoire extraordinaire qui traverse les millénaires. Ces gardiens de pierre, derniers vestiges du temple funéraire d'Amenhotep III, représentent bien plus qu'une simple prouesse architecturale de l'Égypte antique.
Certainement, leur mystérieux "chant" matinal a transformé ces statues en l'une des premières attractions touristiques de l'histoire, attirant des visiteurs du monde entier pendant des siècles. Cette légende, associée au héros grec Memnon, illustre parfaitement la fusion fascinante entre les cultures égyptienne et hellénistique.
Les travaux de conservation actuels, menés par la Mission des Colosses de Memnon, révèlent progressivement les splendeurs cachées du temple d'Amenhotep III. Ces découvertes récentes, notamment les nouvelles statues colossales et les sphinx monumentaux, enrichissent considérablement notre compréhension de ce site historique exceptionnel.
Ces sentinelles millénaires continuent de fasciner, non seulement par leur taille impressionnante et leur histoire énigmatique, mais aussi par leur capacité à nous connecter directement avec l'une des périodes les plus glorieuses de la civilisation égyptienne.
Planifiez votre voyage en Égypte et plongez dans ses trésors historiques et culturels uniques !

#5. FAQs
Q1. Quelle est l'origine des Colosses de Memnon ?
Les Colosses de Memnon sont deux statues colossales représentant le pharaon Amenhotep III, érigées il y a environ 3 400 ans à l'entrée de son temple funéraire sur la rive occidentale de Thèbes, en Égypte.
Q2. Pourquoi ces statues sont-elles appelées "Colosses de Memnon" ?
Ce nom provient d'une confusion culturelle. Les Grecs et les Romains ont associé ces statues à Memnon, un héros légendaire de la guerre de Troie, bien qu'elles représentent en réalité le pharaon Amenhotep III.
Q3. Quel phénomène a rendu ces statues célèbres dans l'Antiquité ?
Après un tremblement de terre en 27 av. J.-C., l'une des statues émettait un son mystérieux au lever du soleil, interprété comme le "chant de Memnon". Ce phénomène a attiré de nombreux pèlerins grecs et romains.
Q4. Quelles sont les dimensions des Colosses de Memnon ?
Chaque statue mesure environ 18 mètres de hauteur totale (incluant le piédestal) et pèse plus de 1 300 tonnes. À l'origine, avec leurs couronnes, elles atteignaient 21 mètres de hauteur.
Q5. Que révèlent les fouilles archéologiques récentes autour des Colosses ?
Les fouilles menées depuis 1998 ont permis de découvrir de nombreux vestiges du temple d'Amenhotep III, dont de nouvelles statues colossales, des sphinx monumentaux et une collection impressionnante de statues de la déesse Sekhmet, enrichissant notre compréhension de ce site historique.